Marc Betou: du monde du travail à l'éducation technique

De Wikithionville
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Marc Betou vient de passer vingt trois ans comme éducateur technique au F.O.M.A.L, foyer mosellan d’accueil aux libérés. Marc a pris sa retraite fin 2009 bien qu’il n’ait que cinquante sept ans : c’est que, petit dernier d’une famille de onze enfants, il s’est retrouvé dès l’âge de treize ans en apprentissage dans une boucherie industrielle de Longeville-les-Metz. Il fallait ramener de l’argent à la maison et à l’époque il ne s’est pas posé de question : il a passé ses diplômes et appris à aimer ce métier. A une heure du matin il déchargeait les carcasses de viandes des camions sur l’épaule avec les autres porteurs puis de quatre à cinq heures il passait à la découpe avant de prendre une pause d’une heure pour finir une longue journée à seize heures.

La boucherie ferme dans les années quatre vingt et après quelques essais à droite à gauche il décide de changer d’horizon : sa femme travaille comme cuisinière au F.O.M.A.L de Metz et il rencontre le directeur qui lui propose de participer à l’ouverture du F.O.M.A.L de Thionville en 1986.

Il devient donc éducateur technique chargé de la remise en état d’appartements et son rôle est d’accueillir des hommes sortant de prison et d’accompagner leur effort de réinsertion dans la société. Trouver un boulot, un appartement, s’occuper des papiers, rétablir les contacts avec la famille et les enfants : quand on sort de prison, on a besoin d’aide.

Au début, le F.O.M.A.L gère de trois à quatre appartement mis à disposition par les bailleurs sociaux, les hommes sont deux par chambre et les éducateurs font le tour des appartement le soir, pour prévenir les excès et maintenir la paix avec les voisins qui ne voient pas toujours favorablement cette présence dans leur immeuble.


L’équipe compte trois éducateurs dont un diplômé, lui ne sera diplômé qu’en 96 à cause du rythme des départs en formation dans l’association : il n’y a en effet à l’époque qu’un salarié à la fois qui peut bénéficier d’une formation dans tous les F.O.M.A.L de la région.

Cette formation lui permettra d’interroger sa pratique auprès des usagers du F.O.M.A.L et de développer sa capacité d’écoute de l’autre : auparavant il avait tendance à faire les choses à la place des jeunes résidents, il a appris à les guider davantage. En les écoutant avec plus d’attention, il les comprend mieux. L’écoute change tout dans la relation : vingt ans avant il aurait dit à un homme difficile à intégrer d’aller voir ailleurs, sans chercher plus loin. Son entrée en matière avec les sortants de prison mettait l’accent sur le fait que leur passé n’entrait pas en ligne de compte pour lui et que ce qui était important était le respect des règles de l’association. Il fallait savoir ouvrir son cœur mais c’était les rapports de force qui réglaient la vie avec les résidents, il fallait en imposer virilement pour être respecté.

Marc a appris au contact des gens et son souvenir le plus émouvant de formation est celui des handicapés qu’il a rencontré dans les foyers de Bertrange et qui eux l’ont écouté, lui : il a pu leur dire la peur qu’ils lui inspiraient. La peur provoque l’agressivité et en écoutant quelqu’un exprimer sa peur on parvient à comprendre les raisons de ses actes et à apaiser ses tensions.

Aujourd’hui, il n’y a plus qu’un quart des résidents qui sortent de prison, les autres sont adressés au F.O.M.A.L par la mairie et le C.C.A.S.

les collègues de Marc en réunion au F.O.M.A.L


C’est un chemin vers l’autonomie qu’il faut tracer avec eux. Cela passe par le retour à une hygiène de vie, se lever le matin et par l’amélioration de leur façon de se présenter : beaucoup n’ont jamais travaillé de leur vie et on ne peut affronter le monde du travail sur un mode familier. Il faut être capable de s’exprimer clairement pour être compris par les interlocuteurs que l’on rencontre.

En moyenne les jeunes restent au maximum douze mois dans le dispositif et si leur situation n’est pas réglée, ils sont dirigés vers le foyer AMLI par exemple.

Quand les chosent s’arrangent et qu’ils trouvent du travail les résidents restent souvent dans les parages en louant cette fois un appartement à leur nom. Depuis 1991, il y a des filles dans l’équipe éducative et depuis peu les résidents peuvent accueillir leurs petites amies : les garçons respectent les éducatrices qui ont d’autres façons d’entrer en relation avec eux et la présence des amies dans les chambres diminue la violence et motive davantage les garçons pour retrouver du travail. Marc Betou sent qu’il a fait un sacré boulot et rien ne lui fait plus plaisir que la reconnaissance des anciens résidents qui parfois l’invitent à manger chez eux.

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